Colloque recherche FIRENDO 2018

Conférences plénières : histoire contemporaine, pratique médicale, scientifique

Muriel Salle

ESPE, LARHRA, Université Claude Bernard Lyon 1


Joe-Elie Salem

ICAN ,INSERM , CHU Pitié-Salpêtrière, Université Pierre & Marie Curie

Dimorphisme sexuel, anti-hormones et arythmies cardiaques : Focus sur le QT 


Sonia Garel

IBENS, CNRS, INSERM, Université Paris-Sciences-et-Lettres  

Dimorphisme sexuel de la différenciation microgliale, microbiote et anomalies neuro-développementales 

L'auteur n'a pas souhaité divulguer le support de sa présentation.


Communications courtes


Laetitia Martinerie

INSERM, CHU R. Debré, Université Paris    Diderot


Fabien Guimiot

INSERM, AP-HP Hôpital Robert Debré, Université Paris Diderot


Anaëlle Grabek

iBV, INSERM, CNRS, Université  Nice Sophia Antipolis

Discussion & regards transversaux dans les projets de recherche sur les maladies rares endocriniennes

Andreas Schedl & Marie-Christine Chaboissier

iBV, INSERM, CNRS, Université Nice Sophia



Éditorial Éditorial

Chez les vertébrés, les différences entre les femelles et les mâles ne se limitent pas à un dimorphisme anatomique parfois spectaculaire (comme chez les oiseaux), mais concernent aussi le comportement, la physiologie, les activités métaboliques et l'expression génique. Il n'est alors, pas surprenant que la plupart des maladies humaines ont une prévalence, un âge de survenue voire une sévérité, différents entre les femmes et les hommes. C'est le cas de maladies emblématiques comme les pathologies cardiovasculaires, les maladies auto-immunes, certains désordres neurologiques et psychiatriques, certains cancers communs ou des pathologies osseuses... de plus, ces susceptibilités peuvent selon les périodes de la vie présenter un dimorphisme sexuel différent entre l'enfance et l'âge adulte...

Il y a bien sûr une contribution hormonale à ces dimorphismes sexuels, les hormones sexuelles et leurs concentrations étant différentes chez la femme et l'homme. Mais il existe aussi une contribution génétique, très conservée au cours de l'évolution, qui ne concerne pas seulement les gènes présents sur les chromosomes sexuels mais aussi des centaines de gènes autosomiques, partagés par les deux sexes, qui vont être exprimés de manière dimorphique car soumis à des régulations différentes.

Ces différences fondamentales entre femelles et mâles peuvent non seulement influencer l’expression de la maladie mais aussi la réponse aux traitements. Ainsi un rapport de la cour des comptes des Etats-Unis publié en 2001 mentionnait pour la première fois que 80% des médicaments retirés du marché américain l’avaient été en raison d’effets secondaires développés par les femmes. Malgré cela, selon une analyse parue en 2011, la vaste majorité des recherches scientifiques et précliniques chez l'animal est réalisée chez le mâle et paradoxalement, dans les revues d'endocrinologie, 65% des publications ne traitent que du mâle et seulement 10% des études incorporent les deux sexes !

Ainsi, le dimorphisme sexuel semble plutôt être considéré comme une "entrave" aux études précliniques pour des raisons relevant, selon certains, de leurs faibles valeurs prédictives pour anticiper les disparités hommes/femmes mais qui probablement s’enracinent plus profondément dans les rapports que nos sociétés entretiennent avec le genre et la santé. D'où l'importance de réfléchir aux raisons historiques et sociologiques qui ont influencées notre perception "genrée" de la maladie.

Alors pourquoi consacrer cette journée scientifique au dimorphisme sexuel dans les maladies rares endocriniennes? En effet, les travaux qui seront exposés à la suite de la conférence d'introduction, sont loin de concerner uniquement des maladies rares, voire parfois ne concerneront même pas des maladies endocriniennes ! Au-delà de la "fatalité hormonale", il y a un manque criant d'explications sur les mécanismes contribuant au dimorphisme sexuel dans les pathologies humaines. Leur compréhension est nécessaire car les enjeux de santé publique sont potentiellement immenses mais plutôt négligés jusqu'ici, à l'heure pourtant d'une médecine (voulue) personnalisée. On peut raisonnablement tabler sur une certaine conservation des mécanismes et il est donc intéressant de se nourrir des exemples de maladies communes où un dimorphisme patent a été identifié et étudié. A l'inverse, les pathologies rares pourraient servir de paradigme car leur rareté tient au fait qu'elles touchent des processus biologiques fondamentaux où la cause (génétique) a souvent été identifiée. Ainsi, nous espérons que la confrontation d’expertises diverses autour du dimorphisme sexuel générera des idées nouvelles pour cette thématique de recherche appliquée aux maladies rares endocriniennes et in fine aura des retombées bien au-delà.

Auteurs : Antoine Martinez, Anne-Paule Gimenez-Roqueplo, Marc Lombès