Etude de l'instabilité chromosomique comme facteur prognostique prédictif des tumeurs neuroendocrines hypophysaires

Le but de cette étude était d'analyser l'impact des variations du nombre de copies (CNV) sur le pronostic des tumeurs neuroendocrines sporadiques de l'hypophyse (PitNET), afin d'identifier des marqueurs pronostiques spécifiques selon la classification clinico-pathologique connue. Une analyse par matrice CGH a été réalisée sur 195 PitNET fraîchement congelés (56 gonadotrophes, 11 immunonégatifs, 56 somatotrophes, 39 lactotrophes et 33 corticotrophes), avec un suivi post-opératoire de 5 ans (124 récidives), classés selon cinq niveaux de classification (invasion, Ki-67, index mitotique et positivité pour p53). L'effet des altérations sur la récidive a été étudié à l'aide de modèles de régression logistique. Une analyse transcriptomique de 32 tumeurs lactotrophes a été réalisée. La quantité de CNV dépendait du type de tumeur: plus élevée pour les tumeurs de type lactotrope (38%) par rapport aux corticotropex (11%), somatotropes (5%), gonadotropes (0%) et aux tumeurs immunonégatives (0%). Elle n'était pas prédictive de la récidive dans l'ensemble de la cohorte mais a prédit significativement la récidive indépendamment de l'invasion et de la prolifération. Cependant, aucune CNV spécifique n'a été trouvée comme marqueur pronostique. L'analyse transcriptomique des gènes inclus dans la CNV et associés au pronostic n'a pas montré de manière significative la surreprésentation d'une voie en particulier. Dans les tumeurs somatotropes et corticotropes, les mutations USP8 et GNAS n'étaient pas respectivement associées à une perturbation du génome ou à une récidive. Pour conclure, l'analyse par matrice CGH a montré que l'instabilité du génome dépendait du type de tumeurs. Les tumeurs lactotropes sont fortement altérées et la quantité de génome altéré est associée à un plus mauvais pronostic bien que le mécanisme ne soit pas clair. Les tumeurs gonadotropes et immunonégatives présentent un même profil "silencieux", laissant le mécanisme de tumorigenèse sous-jacent en question. 

Pour aller plus loin :

Chromosomal instability in the prediction of pituitary neuroendocrine tumors prognosis.

Lasolle H, Elsensohn MH, Wierinckx A, Alix E, Bonnefille C, Vasiljevic A, Cortet C, Decoudier B, Sturm N, Gaillard S, Ferrière A, Roy P, Jouanneau E, Bertolino P, Bardel C, Sanlaville D, Raverot G.
Acta Neuropathol Commun. 2020 Nov 10;8(1):190. doi: 10.1186/s40478-020-01067-5.
PMID: 33168091 Free PMC article.