Retour sur le congrès de la SFE 2020 - Atelier : Syndromes lipodystrophiques, diagnostic et prise en charge

Les lipodystrophies sont des maladies rares avec un déficit sélectif de tissu adipeux, partiel ou généralisé, et un retentissement métabolique souvent sévère (insulinorésistance, diabète, hypertriglycéridémie, stéatose hépatique). Le diagnostic, avant tout clinique, est essentiel du fait notamment des complications cardio-vasculaires.

Les lipodystrophies généralisées congénitales (CGL) sont d’origine génétique, de transmission autosomique récessive, principalement liées à des variants dans les gènes codant AGPAT2 ou la Seipine, deux protéines impliquées dans le métabolisme lipidique. L’évolution naturelle peut être trompeuse. Chez le nouveau-né, l’aspect lipoatrophique n’inquiète en général pas les parents. En période néo-natale, on peut retrouver une hyperglycémie, une hypertriglycéridémie et des troubles digestifs (diarrhées, vomissements, difficultés alimentaires). Dans l’enfance, la CGL est souvent cliniquement silencieuse. Le risque de décompensation métabolique est élevé en période péri-pubertaire, avec en premier lieu une insulinorésistance, caractérisée par une hyperinsulinémie à jeun ou au cours d’un test de tolérance au glucose, évoluant vers le diabète, une hypertriglycéridémie et une stéatose hépatique. Le diagnostic peut se faire plus tardivement chez l’adulte devant un diabète atypique, une lipoatrophie avec un aspect de pseudo-hypertrophie musculaire, une faim insatiable. Le diagnostic est important car le traitement par leptine recombinante (métréleptine) peut apporter des bénéfices métaboliques importants.

Les lipodystrophies familiales partielles (FPLD) peuvent mimer des maladies endocriniennes plus fréquentes. Le diabète peut être la première manifestation de la FPLD et être considéré à tort comme un diabète de type 2. En dehors de la lipodystrophie clinique, les signes qui doivent alerter sont les suivants : un âge jeune, un IMC normal, la présence d’une insulinorésistance (hyperinsulinémie ou doses d’insuline élevées (> 1UI/kg/j)) ou un acanthosis nigricans marqué. Des particularités sémiologiques différencient la FPLD d’un syndrome de Cushing (visage lunaire et érythrosique, amyotrophie des membres inférieurs, …) ou encore d’une acromégalie (prognathisme, rides profondes, saillie des arcades sourcilières, …). Les paramètres anthropométriques peuvent orienter le diagnostic : dans la FPLD, le diamètre biacromial est supérieur au diamètre bitrochantérien. L’existence d’événements rythmiques/conductifs dans la famille doit alerter et orienter vers une forme particulière de FPLD, les laminopathies.

Les laminopathies, associées aux variants dans le gène LMNA, peuvent atteindre de multiples organes. Elles peuvent notamment atteindre le tissu adipeux, et représentent la forme génétique la plus fréquente de FPLD. Les lipodystrophies liées aux laminopathies sont classiquement associées à une athérosclérose sévère et précoce (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral). Toutefois, les patients ayant une lipodystrophie liée à un variant LMNA peuvent aussi développer une cardiomyopathie avec des troubles du rythme et/ou de la conduction. Ainsi, chez les patients ayant une lipodystrophie liée à LMNA, il convient de rechercher systématiquement une atteinte du myocarde et/ou de la paroi artérielle.

36ème congrès de la Société Française d’Endocrinologie, 7-10/10/2020
Atelier : Syndromes lipodystrophiques : diagnostic et prise en charge
Résumé par Héléna Mosbah