Retour sur le congrès de la SFE 2020 – Communications orales : Surrénales

Le 36ème congrès de la société française d’endocrinologie qui s’est tenu en visioconférence début octobre a été l’occasion de découvrir les différentes avancées sur les maladies surrénaliennes à l’origine d’une hypersécrétion hormonale. Les présentations ont abordé des thèmes divers partant des mécanismes de différenciation du cortex surrénalien jusqu'à la caractérisation clinique des patients portants des mutations de gènes importants pour les maladies corticosurrénaliennes.

Parmi les études présentées lors de la séance Surrénales I, l'étude développée par l'équipe dirigée par le Dr Antoine Martinez de l'Université Clermont Auvergne a montré l'importance de la sumoylation pour la différenciation du cortex surrénalien. Ainsi, l’invalidation en modèle murin de SENP2 mène à une hypoplasie de la zone fasciculée et à une diminution des niveaux de corticostérone, associées à l'hypersumoylation de la bêta-caténine et sa stabilisation ectopique dans le noyau des cellules de la zone fasciculée, provoquant l'activation de la voie WNT/bêta-caténine.

Ensuite, la majeure partie des travaux présentés s’intéressait à l’étude des données omiques concernant les hyperplasies macronodulaire bilatérales des surrénales (HBMS). L’une des rares causes de l’hypercortisolisme d’origine surrénalienne est la présence d’HBMS. Une étude de génomique intégré de HBMS a permis de mettre en évidence pour la première fois trois groupes moléculaires distincts. Tout d’abord, un groupe présentant des mutations germinales et somatiques du gène ARMC5 dont le profil de transcriptomique et de méthylation est spécifique à ce sous-groupe confirmant ainsi le rôle essentiel joué par la perte de fonction d’ARMC5 dans le développement de cette forme d’hyperplasie. D’autre part, cette étude a également mis en évidence deux autres sous-groupes de causes génétiques encore méconnues mais dont un est caractérisé par une surexpression d’un récepteur illégitime à l’ACTH, le GIPR. Étant donné que cette surexpression n’est pas associée dans ces HBMS à une duplication du locus codant pour le GIPR, leur cause génétique reste méconnue.

En ce qui concerne les maladies bégnines du cortex surrénalien, une étude multicentrique française développée par l'équipe dirigée par le Prof Jérôme Bertherat de l'Institut Cochin a été présentée. L'objectif de l'étude a été d'établir des critères cliniques pour affiner l'indication du génotypage du gène ARMC5 en vue d'améliorer sa rentabilité lors du diagnostic de l'HMBS, cause rare du Syndrome de Cushing. Cette étude a inclus 264 patients diagnostiqués avec HMBS et montre que l'indication du génotypage de ARMC5 doit être conditionnée à la présence de nodules bilatéraux et d'une valeur pathologique du cortisol plasmatique après freinage minute. L'adoption de ces critères mènerait à une augmentation de la rentabilité du génotypage de ARMC5 de 15.20% à 22.50% chez les patients.

Une deuxième étude multicentrique développée au sein de l'Institut Cochin sur les HMBS a inclus 354 cas index de cette maladie. L'étude montre une fréquence de 21.5% de mutations du gène ARMC5 et 18.4% de variants pathogènes du gène PDE11A. Cliniquement, les patients porteurs de mutations du gène ARMC5 présentent un niveau de cortisol plus élevé et un plus grand nombre de nodules, ce qui révèle un phénotype plus sévère. A l'inverse, les porteurs de variants de PDE11A présentent un hypercorticisme moins sévère. Enfin, les patients porteurs de mutations de ARMC5 et de variants de PDE11A présentent un phénotype moins sévère, suggérant un rôle modulateur du gène PDE11A.

Une analyse de méthylome sur le sang total de patients avant et trois mois après la correction de leur hypercortisolisme a permis d’identifier une série de sites du génome dont l’état de méthylation est corrélé à leur hypercortisolisme. Cette analyse pourrait donc permettre d’améliorer le diagnostic des patients avec hypercortisolisme et également d’identifier les patients avec le plus grand risque de développer des complications. En effet, les auteurs ont également identifié des régions du génome dont l’état de méthylation est associé avec la présence d’une hypertension artérielle. Bien que des études complémentaires restent nécessaires, ces données encourageantes suggèrent que le méthylome sur le sang total pourrait être dans le futur un outil diagnostic intéressant.

Enfin, une intervention était consacrée à l’étude de l’hyperaldostéronisme primaire. Alors que l’hypersécrétion d’aldostérone persiste chez environ 6% des patients après résection chirurgicale de leur adénome producteur d’aldostérone, une analyse comparative démontre que ces patients ont une durée plus longue d’hypertension artérielle et un indice de latérisation de la production d’aldostérone plus faible que les patients guéris. Toutefois, aucune différence histologique ou dans l’expression de CYP11B2, CYP11B1 n’a été observé entre les deux groupes.

36ème congrès de la Société Française d’Endocrinologie, 7-10/10/2020
Communications orales Surrénales I et II
Résumé par Isadora Cavalcante et Annabel Berthon