Retour sur le congrès ICE 2021 – Novel insights into pituitary tumors and their treatments. Joint FASEN-SEEN symposium

Auteur : Roberta Armignacco

Les tumeurs hypophysaires sont des tumeurs bénignes développées par expansion monoclonale des cellules endocrines de l’adénohypophyse. Une meilleure compréhension des mécanismes complexes de régulation de la fonction hypophysaire, ainsi que l’identification des mécanismes moléculaires impliqués dans le développement et la progression tumoraux, ouvrent des nouvelles perspectives thérapeutiques.

 

L’adénohypophyse joue un rôle central dans la régulation de plusieurs fonctions physiologiques, telles que croissance, reproduction, métabolisme et réponse au stress, par production et sécrétion de différentes hormones (GH, TSH, prolactine, LH/FSH, ACTH). Au-delà de la signalisation neuroendocrine, la régulation de l’activité hypophysaire répond aussi à des signaux périphériques, faisant de l’hypophyse un senseur métabolique capable d'ajuster sa propre sécrétion hormonale en réponse à différents facteurs (IGF-1, insuline, adipokines)1. L'utilisation de certains médicaments pour le traitement de pathologies métaboliques, comme les biguanides (notamment la metformine) dans le cas du diabète, ou les statines dans le cas des dyslipidémies et des pathologies cardiovasculaires, s’associe à un risque réduit de développement de cancer, comme probable conséquence de l'amélioration du statut métabolique. L'hypothèse d'un effet anti tumoral de ces classes de médicaments a été testée aussi dans le cas des tumeurs hypophysaires, vu l’implication de l’hypophyse dans l’intégration des signaux métaboliques. Des études récentes montrent, en fait, que les biguanides et les statines réduisent la prolifération et la sécrétion hormonale des cellules tumorales hypophysaires2,3.

L’exploration de mécanismes moléculaires possiblement impliqués dans l’oncogenèse des tumeurs hypophysaires et dans leur progression contribue à l’identification de possibles options thérapeutiques. Une étude récente a montré que le spliceosome, l’appareil moléculaire responsable de l’épissage de l’ARN, est dérégulé dans les différents sous-types de tumeurs hypophysaires, et que la pladienolide B (un inhibiteur du spliceosome) réduit la prolifération, la viabilité et la sécrétion hormonale des cellules tumorales hypophysaires4. L’acide rétinoïque, un dérivé de la vitamine A, est un autre possible candidat, notamment dans le traitement de la maladie de Cushing, ayant un effet inhibiteur sur la prolifération et la sécrétion de l’ACTH dans les cellules hypophysaires corticotropes5.

Enfin, des nouveaux facteurs ont été identifiés comme possibles acteurs moléculaires dans la progression et l’agressivité des tumeurs hypophysaires. En particulier, l’expression de la protéine RSUME, impliquée dans la réponse à l’hypoxie, a été associée au phénotype invasif des tumeurs hypophysaires6,7. Il a été aussi démontré que RSUME est capable de stabiliser PTTG, un facteur de transcription régulateur du cycle cellulaire, dont les niveaux d’expression élevés avaient déjà été associés à la tumorigenèse hypophysaire8.

Dans le cas de l’acromégalie et ses complications, l’amélioration des traitements a permis de réduire l’impact des complications cardiovasculaires sur la survie des patients9.

1- https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0303720717306354?via%3Dihub
2- https://academic.oup.com/jcem/article/104/8/3501/5372730
3- https://www.karger.com/Article/Abstract/505923
4 -https://www.mdpi.com/2072-6694/11/10/1439
5 -https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fendo.2018.00262/full
6 -https://erc.bioscientifica.com/view/journals/erc/19/1/13.xml
7 -https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0378111916309830?via%3Dihub
8 -https://erc.bioscientifica.com/view/journals/erc/25/6/ERC-18-0028.xml
9 -https://academic.oup.com/edrv/article/40/1/268/5088037